Mardi, 14 mars, 2023
Disparité des soins : Répondre aux besoins non comblés des personnes atteintes d’un cancer du sein métastatique (CSM)
Par Guillaume Feugère et MJ DeCoteau
À son stade le plus avancé, le cancer du sein demeure incurable; or, il est diagnostiqué chez près de 29 000 Canadiennes chaque année et représente presque 15 pour cent de tous les décès par cancer chez les Canadiennes1.
Pour toute personne qui sait qu’elle présente des métastases et que son cancer s’est propagé à d’autres parties du corps (on parle alors de cancer du sein métastatique)2, la solitude et le désespoir peuvent être aussi éprouvants que les symptômes physiques de la maladie. Ces personnes se sentent souvent oubliées – abandonnées puisqu’il s’agit, croit-on, de « cas désespérés » pour qui il ne reste plus que les soins de fin de vie. Parfois, les gens aux stades moins avancés de la maladie les évitent, peut-être parce qu’elles incarnent l’issue que tous craignent par-dessus tout3,4.
Certains ont aussi l’impression que l’intérêt à l’égard de la recherche de traitements pour le cancer du sein métastatique n’est pas immense. Pourtant, à l’échelle mondiale, des scientifiques se mobilisent pour continuer à chercher de nouveaux traitements pour lutter plus efficacement contre le CSM, et certains obtiennent des résultats prometteurs5.
Dans un entretien téléphonique récent, la Dre Karen Gelmon, sommité primée de la recherche oncologique au sein du British Columbia Cancer Agency, a souligné une autre réalité importante : tous les travaux ou projets de recherche axés sur le cancer du sein, tous stades confondus, visent à terme à améliorer l’état de santé et la qualité de vie de toutes les personnes aux prises avec cette maladie. Ils ont tous pour objectif d’empêcher le développement du cancer du sein ou, à tout le moins, d’éviter qu’il progresse, de le ralentir ou de l’arrêter.
D’ici à ce que cet objectif soit atteint, il est primordial que les scientifiques, les professionnels de la santé et les leaders du système de santé appuient les travaux qui visent à répondre aux besoins non comblés des personnes qui vivent avec un CSM.
C’est dans cet état d’esprit que Pfizer Canada et Rethink Breast Cancer Canada (Rethink) ont collaboré pour offrir des subventions destinées à l’amélioration de la qualité à des projets novateurs axés sur le CSM. Lancé en 2021, notre programme conjoint a octroyé près de 550 000 $ pour financer six projets dans des domaines d’intérêt déterminés par des patients qu’un conseil consultatif en matière de CSM avait interrogés. Il s’est avéré extrêmement important de faire participer les patients à toutes les étapes – de la sélection des critères d’admissibilité à l’étude des dossiers – pour aider à accorder la juste valeur à leur voix.
Bien que ces projets diffèrent par leur orientation et leur portée, ils s’attaquent tous à un problème souvent mentionné par les personnes vivant avec un CSM : la disparité des soins. Trop souvent, la possibilité d’accéder à des soins de qualité dépend de facteurs tels que la région du pays où le patient habite, l’origine ethnique, le revenu et le degré de scolarité.
Dès la première année de notre partenariat – nous avons reçu neuf dossiers de projets à étudier –, nous avons octroyé près de 270 000 $ aux groupes suivants : le Centre de recherche de St. Mary, à Montréal, pour le dépistage systématique des symptômes des patients pendant le traitement du cancer du sein; le Tom Baker Cancer Centre, à Calgary, pour la création d’un forum virtuel, fondé sur des données probantes, pour que les patients traités pour un CSM reçoivent de l’information pertinente; et, enfin, le British Columbia Cancer Centre, à Vancouver, pour établir un programme piloté par une infirmière pivot visant à améliorer la qualité des soins dispensés aux personnes âgées atteintes d’un CSM.
L’an dernier, nous avons reçu 11 candidatures et avons octroyé près de 280 000 $ aux trois groupes suivants : le Women’s College Hospital de Toronto, pour la mise sur pied d’un portail de ressources à l’intention des femmes noires atteintes d’un CSM; l’Oncology Outcomes, en Alberta, pour l’élaboration d’algorithmes de données pour l’apprentissage machine en vue d’aider à déceler les récidives de CSM; et le Princess Margaret Cancer Centre, à Toronto, pour la conception d’un parcours de soins virtuel géré par une infirmière pivot et destiné à favoriser l’accès des patients atteints d’un CSM aux essais cliniques et au séquençage génomique.
Ces projets – tous menés par des équipes multidisciplinaires, formées entre autres de médecins et de personnel infirmier, ou de cliniciens, de chercheurs et de technologues informatiques – ont en commun l’objectif d’améliorer les soins en communiquant de l’information essentielle aux personnes atteintes d’un CSM et en les aidant à accéder aux programmes appropriés.
Ce type de collaboration, tout comme le programme créé avec Rethink, montre également que les patients, les soignants et les partenaires peuvent travailler main dans la main et tirer profit des forces de chacun pour faire avancer la cause. Nous constatons de plus que cette façon de faire pourrait s’appliquer avec profit à d’autres domaines que le CSM.
Nous prévoyons que les projets de la première cohorte seront menés à terme cette année, et ceux de la deuxième cohorte, en 2024. Entre-temps, les candidatures pour le programme de cette année peuvent être déposées jusqu’à la fin mars, et nous espérons en recevoir encore plus. Vous trouverez de plus amples renseignements ici.
Les personnes qui défendent les intérêts des patients qui ont participé à la conception de ce programme voient directement où les fonds et les efforts sont investis et sont à même d’en constater les répercussions là où les besoins sont les plus pressants. Pfizer poursuit ses travaux essentiels de recherche en oncologie, tandis que Rethink s’applique à la défense des intérêts des patients et à la recherche sur le CSM. Nos efforts conjoints dans la recherche sur le cancer du sein – des premiers stades à la forme la plus avancée – visent à apporter une aide à l’ensemble des personnes qui risquent de contracter cette maladie ou qui en souffrent déjà.
Guillaume Feugère est un scientifique – Affaires médicales spécialisé en oncologie qui travaille à Montréal pour Pfizer Canada. MJ DeCoteau est la fondatrice et la directrice générale de Rethink Breast Cancer Canada, un organisme de bienfaisance canadien reconnu qui veille à informer, à outiller et à défendre les personnes qui vivent avec le cancer du sein.
[1] Société canadienne du cancer. https://cancer.ca/fr/cancer-information/cancer-types/breast/statistics.
[2] Madell R. et Balingit A. (2021). Metastatic Breast Cancer: Prognosis and Survival Rate. Accessible au https://www.healthline.com/health/breast-cancer/metastatic-prognosis.
[3] Madell, R. et Balingit, A. (2021). Metastatic Breast Cancer: Prognosis and Survival Rate. Accessible au https://www.healthline.com/health/breast-cancer/metastatic-prognosis.
[4] Mosher C, Johnson C, Dickler, M, et al. (2013). Living with Metastatic Breast Cancer: A Qualitative Analysis of Physical, Psychological, and Social Sequelae. Accessible au https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4097181/.
[5] Madell, R. et Balingit, A. (2021). Metastatic Breast Cancer: Prognosis and Survival Rate. Accessible au https://www.healthline.com/health/breast-cancer/metastatic-prognosis.